Etudes de fiabilité

VOUS SAVEZ MADAME, LA SYMPTOTHERMIE N’EST PAS VRAIMENT FIABLE.

FAUX. Cette phrase a été prononcée par un gynécologue pendant une consultation dans un centre où la méthode symptothermique fait partie des méthodes de contraception offertes. Cela s’est produit en automne 2021 ! Dans le contexte actuel, comment est-il possible que l’information donnée soit aussi erronée ?

Il s’agit ici d’une problématique encore très répandue : l’amalgame entre les méthodes du calendrier (Ogino-Knaus) et la symptothermie. Le très répandu « collier de perles » (CycleBeads) est un outil fondé sur la méthode du calendrier. Pour beaucoup, quand on parle de « méthode naturelle » c’est à de telles méthodes de calcul du cycle qu’ils pensent.

Malheureusement, il est encore monnaie courante sur des sites médicaux et même dans des publications scientifiques de santé publique, de mettre toutes les méthodes « naturelles » dans une même catégorie dite « traditionnelle » en opposition avec les méthodes « modernes ». Un groupe de travail a récemment mis la classification au clair. Les méthodes modernes sont celles basées sur des fondements scientifiques. Est qualifié de  « traditionnel » tout ce qui fait recours à des croyances ou suppositions qui ne peuvent pas être prouvées. L’utilisation d’amulettes ou d’herbes comme moyens de contraception en sont des exemples.

Avec l’arrivée du FemTech, ce problème de mélange entre méthodes naturelles fiables et non fiables est exacerbé car la majorité des applications de « fertilité » sont fondées sur un algorithme qui reprend les règles des Jours Standards ou la méthode des températures. Par exemple, les applications populaires Clue, et Natural Cycles sont parmi les rares appareils de gestion naturelle de la fertilité qui ont obtenu suffisamment de financement pour effectuer les études permettant de passer les épreuves pour recevoir le label CE et l’approbation du Food and Drug Administration américain (FDA). En revanche, les fondements théoriques sur lesquels elles s’appuient remontent aux années 1930 ! Les méthodes naturelles ont bien évolué depuis, mais les connaissances enseignées en faculté de médecine dans certains pays sont restées figées.

Cette fois-là, je n’ai pas contré son argument en citant le fameux 0,6% d’échec que l’on trouve sur la majorité des sites prônant la symptothermie. Pourquoi ? Parce que ce taux est tiré des études des universités allemandes fondées sur ce qui est devenu Sensiplan®. La méthode Sensiplan n’est pas simplement une application d’un certain nombre de règles qui sont plus strictes que chez Rötzer, Sympto, CLER, mais aussi tout un protocole d’apprentissage sur quatre rencontres avec une vingtaine d’exercices à faire. C’est une approche très scolaire, rigide, qui met l’accent sur l’application des règles de la méthode au lieu d’être centrée sur la cliente et la physiologie. La majorité des sites Internet et des formatrices qui mettent en avant ce faible taux d’échec n’appliquent ni les règles ni le protocole Sensiplan. Ces études sont les plus citées, car elles sont les plus connues et les résultats sont excellents. Mais ceci ne veut pas dire qu’il s’agit d’études de haute qualité et encore moins que la formatrice ou l’école en question applique le protocole utilisé dans ces études. Par ailleurs, selon l’analyse de Peragallo Urrutia et al. (2018) les études de Frank-Herrman et al., sur lesquelles la méthode Sensiplan se base, ne seraient pas de bonne qualité.

Chez Eden Fertilité, l’institut de formation et de certification que j’ai co-fondé en 2017, nous prônons la transparence et l’honnêteté scientifique en citant directement des études restreintes ou de qualité moyenne pour affirmer que la symptothermie peut être plus fiable que la pilule. L’OMS mentionne un très bon taux d’efficacité de 98% à 99% pour la symptothermie. Celui-ci est fondé sur plusieurs études au lieu de se limiter aux études allemandes. Selon l’OMS, la symptothermie est très efficace lorsqu’elle est bien apprise et bien appliquée. D’autres méthodes d’observation du cycle plus simples ont des taux d’efficacité proches de celui du préservatif.

Un emploi idéal d’une méthode sympto-thermique implique :

  • une formation de qualité
  • des partenaires motivés
  • une observation des signes de fertilité précise
  • des règles d’observation et d’interprétation bien appliquées
  • l’autonomie de la femme pour déterminer sa phase fertile et infertile grâce à un encadrement de qualité (généralement 3 à 6 cycles)

Voici le message que j’essaie de faire passer quand j’ai l’occasion de discuter avec des médecins, dans les congrès internationaux par exemple. Et voici ce que j’ai répondu au médecin du centre : la symptothermie est plus efficace que la pilule en utilisation typique et presque aussi efficace en utilisation idéale.

Il existe des études universitaires récentes, notamment celle de l’Université de Heidelberg (Frank-Herrmann P, Heil J, Gnoth C, et al. Hum Reprod. 2007).

Cette étude de plus de 900 femmes sur 17 638 cycles démontre un indice de Pearl en usage idéal pour la méthode sympto-thermique Sensiplan® de 0,59% avec l’utilisation d’une méthode de barrière pendant la période fertile (ex. préservatif), et de 0,43% avec l’abstinence pendant la période fertile. Dans l’usage typique, le taux d’échec était de seulement 1,8%.

En résumé, les méthodes sympto-thermiques sont prouvées scientifiquement comme étant aussi fiables que la pilule. La symptothermie est efficace à  98 – 99,57% lorsqu’elle est bien apprise et bien appliquée.

Malheureusement, il existe encore des des médecins ou sites de références médicales notamment en France –  choisirsacontraception.fr ou l’HAS – qui citent un taux d’échec de 20 – 25% pour les “méthodes naturelles” ou “l’abstinence périodique”. Ces chiffres mélangent les indices de Pearl des méthodes naturelles désuètes (méthode du calendrier, méthode des températures…) ou moins efficaces (ovulation-Billings) avec les plus fiables (symptothermie, MAMA).

L’autre erreur dans certaines publications “de référence,” est l’omission totale de la symptothermie, alors que des méthodes à contrôle simple sont citées (méthode des températures, Billings), comme par exemple dans la revue française des sages-femmes (Les Dossiers de l’Obstétrique N°466).

A contrario, en Suisse, en Angleterre, en Italie, en Allemagne et au Canada, la symptothermie est enseignée dans certaines facultés/hautes écoles et dans de nombreux centres de planning familial.

Si vous tombez sur une étude qui communique un taux d’échec de plus de 2% pour la symptothermie, n’hésitez pas à nous envoyer un email avec le lien/la référence. Une de nos missions c’est d’éduquer les professionnel.le.s de santé sur la fiabilité de la méthode.

  1. FSRH Clinical Guidance: Fertility Awareness Methods – June 2015. Royal College of Obstetricians and Gynaecologists, Faculty of Sexual and Reproductive Health.
  2. Kambic RT, Martin MC; ‘Evaluating client autonomy in natural family planning,’Adv Contracept. 1988 Sep;4(3):221-31 cité dans NFP Teachers’ Training Course, European Institute for Family Life Education,v.1.2017.

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